Les Galopins Brédois

Les Galopins Brédois header image 2

Le Mont Ventoux : à l’assaut du Géant de Provence

2 août 2013 par Olivier · 5 commentaires

 

Une réputation méritée pour cette ascension mythique

A chacun ses rêves. En matière de course à pied, j’en ai de nombreux mais l’ascension du Mont Ventoux figurait en bonne place dans la liste. Sans doute l’héritage d’une enfance bercée par des exploits cyclistes que mon père aimait à me faire partager.
Alors, lorsque l’ami Tony nous a proposé ce cadre pour notre défi estival annuel, j’ai senti palpiter mon cœur de sportif et j’ai immédiatement pris date pour ce rendez-vous.
Prendre la route de Bordeaux à Carpentras un samedi classé rouge vif n’était pas le côté le plus séduisant du week-end mais il en aurait fallu bien plus pour me décourager.
Nous rejoignons une Provence écrasée de chaleur qui invite plus à un alanguissement ombragé qu’à une course en montagne.
Si l’ambiance amicale des retrouvailles au retrait des dossards à Bédoin est toujours aussi chaleureuse, les rires ne parviennent pas à masquer totalement la pointe d’inquiétude face à l’épreuve qui nous attend sous cette canicule.
Après un bon repas au restaurant de pâtes, chacun regagne son logis en guettant avec gourmandise le moindre souffle de fraîcheur.

Au départ de Bédoin, les Galopins sont prêts pour le défi

Le dicton provencal « Quand lo Ventor a son capèu, se plòu pas ara, ploura lèv » bien en tête, je guette au petit matin si le Ventoux a coiffé son fameux chapeau annonciateur d’une pluie imminente. Mais point de couvre-chef sur le Mont Chauve et le ciel d’un bleu d’azur ne me rassure pas plus que les notes angoissantes de Carmina Burana que les organisateurs font résonner au moment du départ. Je suis étonnamment beaucoup plus stressé qu’habituellement.
Toute l’équipe a revêtu le t-shirt spécialement crée pour l’occasion par notre créateur attitré Jean-No. Déjà l’an dernier pour le Mende/Marvejols/Mende, nos t-shirt oranges avaient fait sensation. Cette fois, ils sont blancs manches rouges avec un logo très réussi qui symbolise parfaitement notre Marathon du Géant de Provence.
Le départ est donné à 8h30 et c’est un peloton de plus de 400 coureurs qui s’élance à l’assaut des premières pentes. Mon maître mot est la prudence et même sur ces 5 premiers km relativement faciles, je reste sage dans mon allure. J’ai laissé filé les plus rapides d’entre nous parmi lesquels Christophe, qui, en habitué de la montagne, va effectuer une superbe ascension.
Parvenu à St Estève, la pente s’élève sérieusement et nous attaquons des inclinaisons qui  oscillent entre 9 et 10% pendant près de 10km. Cette portion est en partie ombragée et je suis un peu rassuré sur mes craintes concernant une trop forte chaleur. En revanche, mes jambes souffrent de cette montée sans répit si ce n’est les arrêts aux ravitaillements. Moi, l’homme des plaines, je suis confronté à la montée la plus rude que je n’ai jamais eu à négocier en course à pied. J’avais misé sur une préparation spécifique mais les trop chaudes journées de juillet m’ont détourné de cette ambition initiale.
Je guette une à une les bornes qui annoncent le kilométrage nous séparant du sommet ainsi que le pourcentage moyen sur le km à venir. A l’approche du Chalet Reynard, je découvre le changement total de paysage qui nous attend. La route se dessine désormais au milieu d’un pierrier lunaire, balisée par des hauts piquets jaunes et noirs. Au sommet, se dresse l’observatoire qui semble si loin, presque inaccessible. Pourtant, la pente se fait moins raide et un fort vent nous pousse vers notre Graal. Plus que quelques kilomètres dans cet environnement bouleversant. Le pourcentage est redevenu plus important pour les deux derniers km. J’aperçois la stèle dédiée à Tom Simpson où les cyclistes ont déposé des bidons ou des cailloux avec un hommage à ce forçat de la route.

Regroupement de l’équipe CLM au sommet

Mireille m’attend au coin du dernier virage mais je suis surpris par un vent terrible qui cette fois me fait face et qui m’arrache mon Buff CLM. Incapable de me retourner pour aller le chercher, je laisse Mireille courir après et je lutte de toutes mes forces pour franchir cette ultime difficulté et la ligne d’arrivée. Ma montre affiche un modeste 2h44’ mais pour moi l’émotion est ailleurs. J’ai monté le Ventoux en courant et ça c’est fort.
Maintenant, il s’agit de se protéger autant que possible du vent violent annoncé à 100km/h en attendant les autres membres du groupe. Chaque arrivée est l’occasion d’une belle image où les CLM font corps pour s’accompagner sur les derniers mètres par la voix, par les gestes et surtout par le coeur. Christophe a terminé dans l’excellent temps de 2h20, chapeau !

 

C’est reparti pour 21,5 km mais en descente cette fois

De plus en plus frigorifié, j’ai hâte de repartir vers cette descente folle. Nous sommes 6 à entamer ce retour vers Bédoin sous le regard étonné des autres concurrents trop heureux d’en avoir terminé. Autour des 2 Galopins de service, il y a Tony, l’instigateur de cette épopée, Benoît le marseillais qui par sa taille et sa coiffure peut s’approprier les deux surnoms du Mont Ventoux, Jean-Louis qui porte le kilt en respectant la pure tradition écossaise et Jean-No le roi du sentier.
Pas question de filer à toute allure, l’équipe reste groupée et adopte un rythme raisonnable. Au fil des kilomètres nous croisons des cyclistes qui peinent dans l’ascension sous une chaleur qui se fait de plus en plus intense.

Le groupe reste soudé  sous la chaleur

J’ai beau m’hydrater autant que possible, je sens peu à peu que ma bouche se fait pâteuse et je reconnais les premiers symptômes bien connus de mes habituels coups de chaud. Les derniers kilomètres sont difficiles, je reste longuement la tête sous l’eau fraîche de la fontaine de St Estève pour tenter de refroidir mon organisme en surchauffe. Nous arrivons à Bédoin en nous tenant les mains dans une émotion intense et je m’affale vite dans un fauteuil à la terrasse d’un café où le thermomètre extérieur affiche 44°c. Il me faudra un long moment et une bonne bière pour retrouver une mine acceptable mais je suis tellement fier d’avoir partager ce défi du Marathon du Géant de Provence que ces petits désagréments sont vite oubliés. Merci Tony d’avoir toujours de si bonnes idées à la c..

Olivier

Une arrivée triomphale 

Catégorie(s) : Non classé

5 réponses pour le moment ↓

  • 1 Christian Alfieri // 3 août 2013 à 8:09

    Bravo aux clm. Recit d’un passionné. Ça donne envie d’y aller. Prends garde olivier, tu commences à faire du dénivelé, le trail en montagne te guette au détour du sentier.

  • 2 labesque // 3 août 2013 à 9:17

    chapeau bas les C L M

  • 3 pallier // 3 août 2013 à 9:36

    bravo! Mais vous êtes tout de même de sacrés tarés. GENIAL

  • 4 Nairo Quintana // 4 août 2013 à 8:34

    Me llamo Nairo Quintana, vengo de Colombia, me gusta mucho la Francia, el Mont Ventoux y Bikila!!!

  • 5 HERVE DUCARNE // 6 août 2020 à 16:29

    Bonjour,
    pouvez-vous et serez-vous la seule personne sur cette planète à me donner le pourquoi de la présence de ces piquets jaunes et noirs tout le long ?
    Merci

Laisser un commentaire