Les Galopins Brédois

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12h00 de Villenave : Des Galopins sur la piste

17 septembre 2011 par Olivier · 3 commentaires

Xavier, Olivier, Bertrand et Guy dans le 1er tour de piste

Lorsque j’ai lancé l’idée de participer au 12h00 de Villenave d’Ornon, j’ai été très heureux que Xavier et Bertrand (rien à voir avec un ministre), mes deux coéquipiers d’entraînement du midi, soient intéressés et me suivent dans ce challenge. Je n’imaginais pas me lancer seul dans cette aventure. Pour moi, il s’agissait de tenter de vaincre la malédiction qui m’a contraint à l’abandon à 4 reprises sur le 100km. J’espérais que l’approche mentale bien spécifique d’une course horaire me permettrait une gestion différente et un résultat plus positif. Par la suite, Guy nous a rejoint dans ce défi avec tout l’expérience accumulée sur les épreuves de 100 km qu’il a couru avec succès il y a quelques années.

La préparation estivale s’était bien déroulée avec l’adoption d’une allure spécifique qui tournait entre 9 et 9,5km/h et une nouvelle alimentation de course, les fameuses patates cuites au sel de Guérande chères à notre Fifi. A mes yeux, un des attrait majeur de cette épreuve est son horaire de départ. J’ai toujours beaucoup apprécié courir la nuit et je misais également sur cette particularité pour inverser la tendance.

Lorsque nous nous retrouvons au Stade Trigan à la nuit tombée, les concurrents du 24h00 courent déjà depuis 11h00 du matin et ils ont souffert de la forte chaleur de cet après-midi. Nous encourageons notre collègue Christophe qui semble dans l’allure espérée. Un léger stress bien compréhensible nous gagne dans les derniers préparatifs. Nous ne sommes que 10 sur la ligne de départ et lorsque le speaker annonce que 3 des concurrents ont couru le Marathon du Médoc le matin même, je me tourne vers Mireille pour lui dire qu’il y a bien plus fou que nous ici. Beaucoup de SMS d’encouragement me parviennent mais je n’arriverai pas toujours à les lire pendant la course. Je n’ai plus mes yeux de 20 ans et les conditions d’éclairage ne me facilitent pas la tache. J’apprendrais quand même que l’OM a encore perdu !

Nous partons tous les 4 groupés bien tranquillement et laissons s’échapper les autres concurrents qui semblent bien plus aguerris. Rapidement, Guy doit s’éclipser pour satisfaire un besoin naturel et du coup se retrouve isolé. Première surprise, j’avais imaginé que nous ne nous préoccuperions pas du décompte des tours et du chronomètre. Et bien pas du tout, lors de chaque passage sur la ligne où sont placés les tapis détecteurs, nous guettons avidement l’apparition de nos noms sur l’écran où s’affichent les informations de temps et distance. Xavier se fera d’ailleurs le spécialiste de la prévision du chrono auquel nous devrions passer le tour suivant si nous respectons bien le tempo prévu. Bertrand se plaint d’avoir déjà les jambes douloureuses et il préfère ralentir un peu. Désormais, nous voici donc  en  duo avec Xavier mais sans perdre de vue nos compagnons. Car c’est bien  la deuxième surprise de cette épreuve qui de l’extérieur semble peut motivante. Un circuit d’un km qui emprunte la piste d’athlétisme dans les deux sens à parcourir et re-parcourir comme des hamsters dans une roue. Et bien là encore, ce n’est pas du tout cette impression que nous ressentons. Le fait de croiser ou de doubler sans cesse des concurrents, principalement ceux du 24h00 qui sont plus de 60, est un facteur d’animation qui nous fait oublier la monotonie du parcours. Un sourire lorsque ça va bien, une grimace quand c’est plus difficile, un mot, un simple signe de tête ou de la main, tous ces échanges construisent petit à petit une grande unité et une solidarité  attachante parmi les concurrents.

Il y a également les ravitaillements qui rythment notre progression. Du liquide tous les 1/4 d’heure et une demie pomme de terre toutes les heures. Nous avons choisi de ne pas vraiment nous arrêter mais de marcher pendant ces ravitaillements. Nous sommes proches de la distance du marathon lorsque Xavier m’annonce que lui aussi commence à sentir ses jambes et qu’il préfère ralentir légèrement. C’est tout surpris que je me retrouve seul et encore plus lorsque je constate sur l’écran que je suis classé en 2ème position. Je  met mon casque et m’enfonce dans la nuit en musique. Les tours défilent avec une régularité troublante, les jambes ne me donnent pas de signe d’inquiétude. Pourtant, les 6h00 de course passées, je perçois les premiers signes d’une nausée que je ne connais que trop bien. Le tour d’après, je suis sur le bas-côté à vomir le peu que contenait mon estomac révulsé. Je file chez le médecin qui me donne un comprimé miracle qui est sensé me sauver. Malheureusement, rien n’y fait, la moindre goutte de liquide me retourne l’estomac. Je marche un peu mais le moral est touché. Je recours un peu avec Xavier mais il va désormais bien plus vite que moi. Je m’arrête une nouvelle fois au local de secours. Le docteur Genson est toujours aussi optimiste sur mon proche rétablissement. Je m’allonge en quête d’un repos salvateur mais de nouveaux spasmes me secouent. Je commence à trembler même sous la couverture de survie. Je repense à Belvès et à l’état pitoyable dans lequel je me suis mis avant d’abandonner. Cette fois, il n’est pas question de retourner flirter avec la déshydratation sévère. Je me dirige en marchant vers les stands. Je vois le SMS de Mireille qui s’inquiète de me voir scotché au classement en direct sur internet. Que puis-je faire? attendre la limite des 12h00 assis sur ma chaise pour dire que je suis allé au bout, de l’épreuve? Tenter de marcher et trottiner en espérant un improbable retour au calme de mon système gastrique? La raison l’emporte et j’adresse un SOS à Mireille pour qu’elle vienne me récupérer. D’ailleurs elle est déjà là et j’indique à Bertrand qui s’est assis à mes côtés que c’est terminé pour moi. Je rends ma puce et j’aperçois Xavier qui tourne très régulièrement. Il ne m’entends pas lui dire que j’abandonne.  Je m’en veux de les abandonner ainsi alors que c’est à mon initiative qu’ils sont ici. Voilà l’épilogue, certes je suis un peu déçu par le résultat mais beaucoup moins que lors du 100km de Belvès. Comme si au fond de moi, cette issue était déjà envisagée. Aucun regret bien au contraire sur cette expérience qui restera malgré tout en bonne place au musée de mes souvenirs de course. Un très grand bravo à Xavier qui fait une entrée en fanfare dans l’ultra avec un podium à la clé. Chapeau aussi à Guy qui a résisté malgré des problèmes aigus de crampes. Par pure coïncidence, Bertrand et moi nous retrouvons crédités du même kilométrage. Merci à tous pour les nombreux encouragements reçus. Je crois l’avoir déjà dit, mais cette fois il va bien falloir que je m’enfonce cette devise dans le crane : “le marathon c’est bon mais pas au-delà”.

Olivier

Résultats des Galopins
Xavier Fougeron : 3ème avec 105,767 km
Guy Forrière : 4ème avec 95,159 km
Olivier Meslier : 9ème avec 61,456 km (abandon après 7h30 d’épreuve)
Bertrand Renault : 9ème avec 61,456 km

 

Xavier fait son entrée dans le monde de l’Ultra avec un podium

Catégorie(s) : Les récits · Non classé

3 réponses pour le moment ↓

  • 1 CVD // 19 septembre 2011 à 12:08

    Bravo aux ULTRAS GALOPINS, avec une mention spéciale à Xavier que je n’avais pas encore félicité personnellement !!

  • 2 Guy // 20 septembre 2011 à 8:07

    Merci Olivier pour ton petit texte qui témoigne de ton art du récit !
    Merci également de m’avoir permis de reprendre contact avec l’ultra.
    Bon rétablissement enfin pour ton estomac qui a décidé que tu resterais (?) un excellent marathonien, ce qui aux yeux du profane reste quand même une distance mythique !!!
    Amitiés sincères

  • 3 JCD // 23 septembre 2011 à 15:10

    Rien que le défi ,est un exploit physique et mental,
    Alors Chapeau à vous 4 ,plus de 60 à 100 bornes en courant de nuit , vous avez réalisé une belle épreuve , (Elle me semble physiquement vraiment trop exigente pour moi) récupérez bien !

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