Les Galopins Brédois

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Barcelone 2011 : Mes que un maraton

30 mars 2011 par Olivier · Pas de commentaire

Jean-Marc en toute décontraction

Comme bien souvent en ce qui me concerne, le choix du marathon de Barcelone se décida lors d’un bon repas entre amis où Thierry présent ce jour là, pris la décision de devenir marathonien. Quelques mois plus tard, nous voilà donc parti pour mon 8ème marathon et le premier de Thierry. On ne peut pas dire que la préparation fut excellente en ce qui me concerne, on peut même affirmer que ce fut la pire de toute, mais je me voyais bien négocier les virages et les lignes droites au feeling et à l’expérience…

Nous voici parti, le jeudi, oui 4 jours avant histoire de se mettre dans l’ambiance, au programme, visite du musée Dali de Figueras, visite de Barcelone et de ses restaurants, et le traditionnel match de football FC Barcelone-Zaragoza ( 1-0) qui je dois bien le dire ne restera pas un grand souvenir au niveau du jeu, mais cela reste le Camp Nou, un stade mythique, une équipe mythique et un joueur historique Lionel Messi.

La course

Thierry se retrouve enfin sur cette magnifique Place d’Espagne pour son premier départ. Un temps magnifique, une belle ambiance, nous croisons les ballons du 3h, bon même si je vais me le faire au feeling, je pense qu’il faut être raisonnable, je partirai sur la base de 3h15… Le départ est donné et comme chaque départ cela reste un moment inoubliable, la place d’Espagne est sous les confettis, direction le Camp Nou où nous apercevons la fameuse tour Collserala de l’architecte Foster avant de revenir sur la place d’Espagne et nous voilà tranquillement au 10km sur un rythme de maréchal en 1h. Nous croisons Nathalie et Alice qui nous trouvent en pleine forme, pas étonnant, le rythme convient parfaitement à Thierry et je dois l’avouer à moi aussi, nous passons devant la maison Pedrera de Gaudi, direction la Sagrada Familia (au passage je relève qu’elle doit être terminée en 2026), puis c’est une longue ligne droite qui nous mène jusqu’au semi. Je sens que du côté de Thierry les choses deviennent difficiles (1 mois avant la course une légère déchirure l’avait empêché de poursuivre sa préparation), nous traversons le pont Calatrava, le forum en bord de mer et au 25, un joli aller-retour de 10km avec en ligne de mire, la tour Agbar de Jean Nouvel, un bâtiment vraiment exceptionnel surtout la nuit.

Depuis le semi, Thierry serre les dents mais nous avançons tranquillement et sûrement, nous voici au 30km en 3h16, mince déjà 1min de retard sur mon objectif… direction le port Olympique, le long de la plage, très sympa, il fait chaud mais c’est très agréable. Très rapidement (je plaisante), nous traversons les tours Mapfren, le zoo, l’arc de Triomphe, pour arriver sur la fameuse Place de Catalunya, pas le temps de faire les boutiques, l’ambiance est digne des courses espagnoles, les fameuses ramblas très animées, la colonne Colom au 39km et nous voilà sur le finish. Même si notre rythme n’est pas exceptionnel, l’objectif qui est de prendre du plaisir est bien là. Le finish est à l’espagnole, musique, encouragement, 40,41,42, Thierry souffre depuis déjà pas mal de temps, mais il ne s’arrêtera pas sur le chemin, enfin sur la ligne d’arrivée mains dans la mains, pour franchir ce premier marathon en 4h52. Il fait beau, Thierry a réussi son premier marathon, moi je suis très heureux de l’avoir accompagné, c’est aussi une très belle expérience que de courir pour les autres et avec les autres.

Barcelone est une ville exceptionnelle et son marathon est bien « Mes que un maraton ! »

JeanMarc et Thierry

Des médailles bien méritées pour Thierry et Jean-Marc

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Barcelona 2011 : Le premier B des trois

18 mars 2011 par Olivier · Pas de commentaire

Un marathon qui fait découvrir Barcelone

Chaque marathonien a dans la tête de drôles de projets, plus ou moins raisonnables. Depuis longtemps, j’avais imaginé que mon parcours passerait immanquablement par le triptyque de ce que j’ai baptisé les trois B : Barcelone, Berlin, Boston.

Lorsque j’ai initié la première étape en m’inscrivant au Marathon de Barcelone 2011, je ne savais pas encore que j’aurais un marathon à courir sur l’île de Malte une semaine auparavant. Même pour un stakhanoviste du bitume comme moi, c’était un challenge certes séduisant, mais qui me préoccupait malgré tout.

La Pasta Party de la veille se résuma à un hot-dog et une bière avalée dans les travées du Camp Nou où nous venions admirer ce qui se fait de mieux actuellement dans le monde du football.

Pour toutes ces raisons, pas question de s’enflammer sur la ligne de départ et malgré la chaude ambiance espagnole, je misais sur un rythme raisonnable de 5’ au km. Tel un métronome, c’est une allure que j’ai respecté à la seconde près jusqu’au 30ème km tout en profitant pleinement de la visite touristique offerte par ce parcours magnifique sublimé par une météo idéale. Lorsque les muscles de mes jambes m’ont soudainement rappelé à l’ordre et se sont rebellées contre le traitement que je leur imposais, il a bien fallu que je négocie avec eux un compromis équitable : une réduction de vitesse afin d’avoir l’assurance de relier l’arrivée sans encombre et dans un délai raisonnable. Mireille et le fan club qui jonglaient avec les stations de métro pour nous encourager à différents points du parcours ont rapidement lu sur mon visage que le conflit avait laissé des traces. Néanmoins, je passais la ligne d’arrivée avec une grande joie mêlée d’émotion en 3h39’. Barcelone est une très belle ville et son marathon est à la hauteur. Il mérite sans contestation de figurer dans mon Panthéon  des 3 B. Il me reste à programmer Berlin et Boston mais l’agenda marathon est déjà si chargé qu’il faut désormais construire un plan quinquennal pour caser tous ces beaux projets.

Le séjour barcelonais qui ne s’est pas résumé au marathon, a été un véritable régal. Seul bémol, la rencontre Galopins manquée avec JMG. 

Olivier

L’album photo complet du séjour barcelonais d’Olivier ! Cliquez ici pour le découvrir.

Avec l’ami Tony pour la récupération post-marathon

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Aubisque 2009 : Dimanche de rêve en vallée d’Ossau

25 août 2009 par Olivier · 1 commentaire

Avec Maurice le podensacais à l’assaut du col de l’Aubisque

Comme à l’accoutumée, c’est sous des conditions climatiques idéales que s’est déroulée la Montée de l’Aubisque, la météo de la version 2009 étant la copie parfaite de celle de 2008 goutée par les Galopins.

Pour ma 5ème participation, j’étais bien déterminé à prendre pour une fois un départ raisonnable et courir à allure régulière et modérée, afin non seulement de profiter au mieux du panorama, mais surtout de m’épargner l’éternel regret du final raté après le passage de Gourette.

Au départ donc, je parviens à ne pas « m’emballer » et je laisse s’éloigner sans sourciller cousine Evelyne et les meilleurs spécialistes nationaux de course de montagne présents, attirés par le label FFA que la course vient d’acquérir. Mon collègue Christophe, rival annoncé d’un jour, est dans ma roue et me semble en bonne condition quoiqu’il en dise. Au fil des kilomètres et des lacets, je trouve le bon tempo sans regarder le chronomètre en stabilisant la fréquence cardiaque entre 80 et 85%. Je m’efforce de m’hydrater correctement aux nombreux ravitaillements et m’assure que les mariachis présents en haut de la portion à 13% ne me tendent pas de gobelets remplis de téquila ! Aux paravalanches, Christophe, toujours à quelques encablures, me demande quand je vais accélérer… Et c’est précisément à cet instant, à 9 kilomètres du sommet, que je me décide à suivre la belle foulée d’une jolie coureuse revenue à ma hauteur… Heureuse surprise : mon rythme de course augmente, mais mon rythme cardiaque se maintient en dessous de 160 pulsations. Christophe est décroché, mais j’aperçois encore son maillot orange au virage de Gourette après 1h17’ de course (le vainqueur est déjà au sommet du col !). C’est l’une de mes plus faibles performances au passage de Gourette, mais peu importe, je me souviens que l’an passé, avec Xavier et JF, nous étions passés bien plus tôt, et que ma fin de course avait été un calvaire. Pendant ces 4 derniers km tant redoutés, j’ai la force de lever la tête et de savourer la beauté du parcours restant à accomplir : autrefois cela me démoralisait, aujourd’hui cela me donne du courage. Je parviens à reprendre 1 à 1 de valeureux montagnards, pas tous marcheurs… Au 17ème km, je trouve Evelyne en difficulté : j’aurais aimé la ramener vers les filles à sa portée, mais elle devra se résoudre à terminer à son rythme en 5ème position féminine. Sur les derniers hectomètres, surprise, je me rends compte que mon temps est largement en dessous de l’objectif de 1h45’ fixé par notre grand coach-président. Pointé en 140ème position à Eaux-Bonnes, je termine 85ème en 1h42’32’’. Christophe suivra en moins de 1h45’ : sa performance est de taille pour une première participation, et le fait de le dépasser au classement général du challenge ne me procure finalement aucune satisfaction personnelle. Au contraire, je ne peux que le féliciter pour les progrès réalisés depuis la Pyrénéa . Nul doute qu’il prendra sa revanche au challenge 2010.

Le reste de cette superbe journée en vallée d’Ossau sera consacré à fêter la victoire d’Evelyne en V1F et de Maurice en V4H avec ma famille et mes amis. Un excellent dimanche dans une superbe région. Finalement, il ne manquait que les Galopins pour que cette journée soit exceptionnelle… Rendez-vous donc pour l’édition 2010.

Christophe

Le duel des Christophe CPE se termine en toute fraternité

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Marseille Cassis 2010 : Avec le masque et le tuba

19 août 2007 par Olivier · Commentaires fermés sur Marseille Cassis 2010 : Avec le masque et le tuba

En novembre 2008, grâce à un concours, je partais à Athènes pour un séjour inoubliable avec Monique, Lionel et Manu, les 3 autres heureux gagnants. Nous avions couru le marathon aux couleurs de notre équipementier, c’est à dire en orange.

Un week-end athénien si fort en moments d’amitié que, malgré l’éloignement géographique, nous avons projeté de nous retrouver tous les ans à la même époque pour un rendez-vous autour d’une grande course.

C’est ainsi que nous nous étions retrouvés en 2009 avec nos conjoints à Saint-Sébastien et avions participé sous la tempête et même la grêle à la classique espagnole Béhobie-San Sebastian, lors d’un week-end mémorable (tapas y sangria…) que les météorologues avaient placé en ”Alerte Orange”. Une météo qui ne nous avait pas empêché de gravir le Mont Urgull la veille de course (nous étions les seuls là-haut) en souvenir de l’ascension vers l’église St-Georges d’Athènes la veille du marathon pour éviter de faire prendre le funiculaire à Yoyo !…

Marseille-Cassis, une course tout en orange, a été choisie pour 2010. Tout s’annonçait bien pour ces retrouvailles orchestrées par Manu, parfait dans l’organisation : hébergement des familles au grand complet dans un centre de vacances, dossards préférentiels, météo sans risque dans une région où il ne pleut jamais… En plus, l’OM (2ème) devait jouer la veille le match au sommet de Ligue 1 contre le leader Rennes et nous avions dégoté quelques places…

Retrouvailles au grand complet dès le vendredi soir : Danielle, la mère de Manu, lui a fait la surprise de descendre depuis Dunkerque pour le voir courir, les enfants font connaissance autour de délicieuses crêpes et la casserole de veau de Sylvie nous fait oublier les prévisions météo calamiteuses pour les 2 jours à venir. Car c’est  ”Alerte Orange” en PACA !

Samedi : direction Marseille pour retirer les dossards. Déception : ils ne sont pas ”préférentiels” comme convenu. Pendant la pause-repas (pasta-party assis-tailleurs dans le Hall), Manu et Yoyo se ”mouilleront” jusqu’au siège de l’organisation pour les changer, mais en vain.

Le ciel se gâte, mais Manu a prévu une ballade touristique dans Marseille, avec ascension sur les hauteurs de la ville bien évidemment !

Après la boutique de l’OM, nous filons vers le Vieux-Port à pied par la Rue de Rome : c’est long ! Les capuches et  les parapluies sont de sortie, mon coupe-vent de l’OM (ou plutôt celui de Didier Deschamps) fait son travail… Matis est épuisé et c’est grâce à lui que nous accomplirons l’ascension vers Notre-Dame de la Garde en bus ! Là, nous trouvons des coureurs qui prient et font brûler des cierges pour la course du lendemain. Je suppose qu’il réclament aussi une météo clémente…

Le panorama sur la rade est bouché, le déluge se prépare… mais il y a bonne ambiance sous l’abri-bus où nous nous sommes réfugiés ! Les rues de Marseille sont inondées. Le match de l’OM est reporté. Nous rentrons trempés de la tête aux pieds aux voitures et tardivement au gîte pour préparer… des pâtes bien évidemment !

Pour la course, tout est calé. Seuls Monique et Joël qui n’ont pas changé d’heure sont levés depuis 4h30 !

Arrivés vers 7h à Cassis, nous ne sommes pas seuls à prendre le bus… Je n’y trouve pas comme prévu Maurice de Podensac, mais nous avons convenu d’un autre rendez-vous à l’arrivée, tout comme avec Evelyne ma cousine avec qui j’irai boire un pot sur le port après la course…

L’attente pour monter dans les bus sera longue et nous arriverons juste à temps (c’est-à-dire à la seconde près !) pour jeter nos sacs dans les camions de consignes. Nous assistons à des scènes terribles de coureurs dont les sacs sont refusés après 8h30, et qui risquent de devoir courir lestés…. Mon appareil-photo se trouve dans le sac de consignes et, au grand regret de Yoyo, nous ne pourrons malheureusement pas immortaliser notre passage dans le virage nord du stade Vélodrome, si près de la pelouse…

Alors que beaucoup de coureurs patientent dans les travées du Vélodrome, nous nous rendons vers les sas où Manu aura la chance de passer du coté des élites grâce à un moment d’inattention des contrôleurs…  Vêtus de sacs poubelles, avec Monique, Joël et Lionel, nous patientons tous les 4 dans la masse et dans la bonne humeur : l’occasion pour Lionel d’apprendre quelques ficelles de coureurs que je ne peux dévoiler ici…

Le départ est donné et nous passons la ligne près de 4 minutes plus tard, après avoir évité les sacs, vêtements et bouteilles laissés à terre. Comme l’an passé à Béhobie, il va pleuvoir sans discontinuer. Je perds rapidement Joël et file vers Cassis en zigzaguant entre les coureurs et en chevauchant les trottoirs et contre-allées sans jamais trouver mon rythme. Les animations prévues sur le parcours sont maintenues et les musiciens ou autres pom-pom girls ont bien du mérite à jouer dans ces conditions. Dans le col de la Gineste, il m’est encore difficile de passer tellement le flot de coureurs est dense, et j’atteindrai le sommet en moins de 50′. Au sommet, les coureurs s’amusent à s’arroser pour s’hydrater ! Le temps devient exécrable et les conditions dantesques : dans la descente, la pluie pique les yeux, les coureurs grimacent, il est impossible de s’abriter de ce vent de face et tourbillonnant, des flaques et autres ruisseaux se forment sur la route, mes chaussures ”light” s’alourdissent et sont dans le ton de ce concert de ”flic-floc” donné par les coureurs.

La pluie redouble à l’approche de Cassis où les conditions deviennent apocalyptiques : l’arrivée s’effectue dans des ruelles inondées, des torrents se sont formés, on a de l’eau au-dessus des chevilles, et il faut être prudent pour ne pas glisser dans certains passages sur le port. Les coureurs ont de l’humour : j’entends l’un d’eux répondre au speaker que c’est la première fois qu’il court  « avec le masque et le tuba ! ». Mais, tout comme moi, il avait apprécié la course.

Dans ces conditions, et après un ”coup de pompe” dans la côte des Pompiers, je suis ”flashé’ après plus de 1h37 (1h34’04” avec la puce) à la 1601ème place sans voir la ligne d’arrivée. Il me semble qu’avec des conditions moins exceptionnelles (…) j’aurais pu courir en 1h30, mais pas de regret, mon objectif reste le marathon de La Rochelle et l’important était de passer le week-end entre amis…

A la sortie, c’est un beau bazar pour récupérer les sacs de consignes, étalés sur une place inondée… Nos affaires sèches ne le sont plus vraiment, quelques coureurs sont mécontents. Dans les rues de Cassis, impraticables, les coureurs cherchent des abris pour se changer, le tout dans la bonne humeur…

Je mettrai du temps à récupérer Joël (1h37), Lionel (1h58), Monique (2h09), et  Manu (1h20, 115ème), mais je ne retrouverai ni Evelyne (1h22 – on se verra à La Rochelle), ni Maurice (1h55). Lionel est déçu de ne pouvoir ajouter une médaille à sa collection. Il n’a pas tort, moi aussi j’aurais aimé rapporté un souvenir de cette course que je suppose superbe par beau temps…

Nous rejoignons Danielle et les 2 Sylvie au glacier du port où j’apprécie le T-shirt sec que me propose Lionel ainsi que le chocolat chaud…

De retour au gîte, et après la douche, nous pouvons déguster le champagne.

Nous quittons nos amis en fin d’après-midi. Les enfants nous demandent pourquoi nous ne nous retrouvons qu’une fois par an, et pourquoi au mois de novembre…

Rendez-vous est déjà pris pour 2011, reste à fixer la destination.

Le mot de la fin pour Monique : « l’an prochain, nous nous retrouverons en Bretagne, comme ça on ne sera pas déçus par la météo… » Y aura-t-il enfin le soleil ou bien, jamais 2 sans 3, une nouvelle ”Alerte Orange” ?

Christophe

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100 km de Belvès 2010 : Une dernière tentative

18 août 2007 par Olivier · Commentaires fermés sur 100 km de Belvès 2010 : Une dernière tentative

Vous me direz, à quoi bon faire le récit d’un échec ? Sans doute parce que c’est moins cher qu’une séance chez le psy et tout aussi efficace.

Il n’entre pas dans mon intention non plus de faire pleurer dans les chaumières. Ce n’est que la 4ème fois que j’abandonne sur cette distance. A Belvès, mon record établi sur l’ancien parcours en 1994 était de 70 km. J’avais prolongé jusqu’à un improbable 88ème km sur le parcours plus roulant de Chavagnes en Paillers en mettant mon corps à la torture.  J’ai eu la faiblesse de croire que 16 ans après, j’étais peut-être devenu un autre homme, plus fort dans mon corps et dans ma tête.

Pourtant, tout se présentait plutôt bien avec une préparation qui s’était déroulée dans d’excellentes conditions et dans le respect de l’évangile selon Saint Bruno Heubi « Courir longtemps » qui était devenu mon livre de chevet. J’avais à mes côtés Benoît, un accompagnateur zélé qui avait choisi de venir de Toulouse à vélo histoire de s’échauffer les gambettes sur 170 km avant de prendre le départ à mes côtés samedi matin. Ma petite famille était elle aussi de la partie pour me soutenir le long du parcours. Bref, j’étais comme le Roi Carotte mais c’était sans compter sur la fragilité d’un système gastrique récalcitrant à l’effort prolongé.

Sur la ligne de départ, nous sommes près de 800 à nous élancer dont 500 espèrent bien revenir sur Belvès alors que les autres, plus raisonnables, envisagent de terminer leur périple à Sarlat.

Après un petit tour de village aux côtés de Jean-Marc, nous voici lancés dans la descente où je prends garde avant tout au respect de mon allure spécifique. J’en profite pour échanger avec les vieux briscards de l’ultra qui me racontent quelques une de leurs folles aventures où le temps passé à courir ne se mesure plus qu’en jours. Respectant scrupuleusement ma feuille de route alimentaire, je m’astreins à boire une gorgée de potion magique toutes les 10 minutes. La journée s’annonce chaude et ce n’est clairement pas une bonne nouvelle pour moi. Au 8ème km nous retrouvons nos accompagnateurs qui avaient devancé le départ afin de ne pas perturber le peloton trop compact. Benoît se glisse à mes côtés et nous mettons au point notre communication qui reste guidée par notre discrétion commune. Au 20ème km nos supporters sont là et c’est bien agréable de les voir. Un peu plus loin, c’est Richard qui a fait le déplacement. Il court quelques centaines de mètres à mes côtés et participe à la fête. Le soleil commence à taper fort et les organisateurs distribuent des bobs. J’en saisi un au passage par précaution. Le parcours se révèle plus difficile que je l’imaginais et les côtes succèdent aux côtes. La soif commence à me saisir mais j’hésite à boire plus. Je sais que mon estomac n’acceptera pas d’être noyé. J’ai mangé un des petits sandwichs au fromage que je m’étais préparé. Cet encas chasse agréablement le goût sucré qui commence à gagner ma bouche. J’ai beau me remémorer toutes les belles et longues sorties effectuées sans problème ces derniers mois à l’allure spécifique, je sens bien qu’aujourd’hui je suis beaucoup moins à l’aise. La chaleur et le parcours n’expliquent pas tout, il y a bien un syndrome 100 km dans mon corps. Lorsque je passe le cap du marathon en 4h20′, les signaux ne sont pas bons. Pris des premiers vomissements, je revis la douloureuse et lente descente aux enfers déjà connus lors de mes précédentes tentatives sur la distance. Je sais d’ores et déjà qu’il me sera impossible de rejoindre l’arrivée. Je ne peux désormais plus m’alimenter. A la moindre petite gorgée d’eau ingérée, mon estomac se révolte. Et pourtant, Dieu que j’ai soif ! Je ne parviens même plus à apprécier le formidable environnement de ce parcours. La belle piste cyclable ombragée qui nous conduit à Sarlat me paraît être un véritable chemin de croix. Je ne parle plus et Benoît a compris même s’il fait tout ce qu’il peut pour maintenir l’espoir. Je me dis que le plus raisonnable est d’abandonner aux 50 km à Sarlat. J’imagine y retrouver ma famille et en terminer là. Bon, finalement la famille n’est pas là et je passe ce ravitaillement comme un zombi, je ne peux de toute façon rien avaler. Juste une bise à Marie-Claude qui m’encourage. Au 55ème km, je fais un arrêt prolongé à l’ombre d’un arbre. Benoît tente de me faire manger un peu de pain afin de calmer mes spasmes stomacaux. Des coureurs viennent me soutenir, il y a une énorme solidarité dans ce monde de l’ultra. Je suis submergé par une vague de désespoir, les larmes coulent. C’est fini, je dois accepter l’échec et faire le deuil de cet objectif qui me tenait tellement à cœur. Je me relève pourtant et lorsque j’aperçois Jean-Marc, je me dis que ce serait bien de faire un petit bout de chemin ensemble. Je lui emboîte le pas et tente de maintenir son allure. J’ai la tête basse et le masque de l’épuisement se lit sur mon visage. 60ème km, je m’accroche, nous passons devant nos supporters qui comprennent bien que rien ne va plus pour moi. Maëlle se porte à mes côtés pour courir et m’encourager,  de nouvelles larmes jaillissent. Mais c’est donc que j’ai encore un peu de liquide dans mon corps !

Sur les périodes de marche, je ne parviens pas à suivre le rythme de Jean-Marc. Je l’exhorte à ne plus s’occuper de moi et à continuer sa course. Il me faudra lui demander plusieurs fois pour qu’il accepte enfin. Désormais, je ne peux même plus courir. Je marche, je ne sais pas pourquoi mais je marche, l’échine courbée et proche de l’épuisement. Benoît me conseille d’adopter un rythme plus dynamique afin de casser la lente agonie qui s’installe. Je tente mais retombe vite, j’ai l’impression de traverser un désert, mon objectif est le prochain oasis. Au prochain village c’est sûr je m’arrête. Je m’assois sous le préau et m’affale, la tête sur la table. Dormir, je veux dormir et ne plus courir. Je rentre dans les locaux des secours pour m’allonger plus confortablement. Je suis pris en charge, tension, rythme cardiaque … La réhydratation par voie naturelle échouant inexorablement, le médecin tente la perfusion. Après trois tentatives qui vont me laisser les bras en compote, il renonce. Dormir, je veux dormir et ne plus courir. Oui bien sûr mais il faut quand même boire et là ce n’est pas gagné !  Je vous passe les détails des étapes de la réhydratation qui se heurtent à la révolte de mon estomac maltraité. Mireille et Maëlle sont venues à mon chevet et constatent les dégâts. Benoît est parti finir le parcours et rejoindre Jean-Marc qui doit maintenant approcher de l’arrivée.

Marie-Claude est venue nous chercher, je ne suis guère vaillant mais l’idée de retrouver un lit pour y dormir me donne l’énergie nécessaire à quitter le poste de secours. Je remercie malgré tout le docteur parce que je ne suis pas rancunier. Dans la voiture je reçois un appel de l’ami Moulay qui s’inquiète de mon sort et qui me berce de paroles réconfortantes. Je n’arrive plus à parler, ma bouche est collée, je n’ai plus une goutte de salive. Le chemin me parait bien long en voiture, je n’imagine même pas ce que cela aurait pu être en courant. On aperçoit ça et là des concurrents qui en terminent. Je m’aperçois que je ne suis vraiment plus du tout dans la course et que je ne parviens plus à m’y intéresser. Dormir, je veux dormir et ne plus courir.

Je décline l’invitation au repas périgourdin que mon estomac me déconseille fortement et après une douche bienvenue c’est avec un délice non dissimulé que je retrouve mon lit et ma bouteille de Perrier.

Je reçois tout un tas de petit SMS des amis qui me font chaud au cœur et mes yeux se ferment entre deux gorgées de boisson pétillante. Je peux enfin dormir …..

Olivier

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